
Ce sont des ombelles éparses dans l’ombre ; des espèces de constellations plus familières, moins éclatantes, moins froides et surtout moins figées que celles qui pourront sembler leur répondre au-dessus des arbres une fois que le beau du voile aura été tiré.

Me voici parvenu au seuil d’une espèce de ciel d’herbe où flotteraient à portée de la main, fragiles, plutôts que des asters aigus, de petites galaxies flottantes, légères, blanches vraiment comme du lait, ou de la laine de brebis telle qu’il en reste accrochée aux ajoncs dans les îles bretonnes.

C’est aussi un peu comme quand on surprend les premiers pépiements, avant l’aube, c’est-à-dire dans une autre sorte d’ombre, d’oiseaux qu’on ne voit pas. A la fois distincts et relies. Mais ce murmure, ici des ombelles, annonce-t-il aussi quelque chose comme un nouveau jour, une autre éclosion ? Il ne me semble pas. C’est un langage encore plus étranger. Vague lueurs dans l’ombre, flottant au-dessus de la tombe commune.

Et, néanmoins – Philippe JACCOTTET.
2 commentaires:
Jaccottet toujours sublime est à la mode sur les blogs ces derniers temps...
bonne journée...bises
C'est parce que je l'ai lu sur les blogs, et comme je ne le connaissais pas, j'ai emprunté illico à la bibliothèque ce livre, ("Et, Néanmoins", qui relate le passage de la pesée des âmes avant de partir).
Finalement, les citations ont le bienfait de faire ressortir de l'ombre des étagères quelques titres.
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