2007/06/08

Caillou


J'ai toujours eu cette capacité d'appréhender la réalité avec une conscience si fine, que la vie m'apparaît finalement comme un défilé illusoire. Cet éveil identique et, à chaque fois légèrement diffèrent, relié à la pose plus ou moins longue de mon regard. Mêmes images, analyses différentes.

En ce moment j'ai décidé de jouer à la retraitée, avec mon pépère, on pourrait aller s'encanailler au creux du rocher, mais on se la joue romantique, sur le banc. En transit, pose de l'illusion, on s'arrête et on contemple. Pas galet pour deux sous, trop mouvant, trop instable, arrondi, on ne peut vraiment pas s'y raccrocher.

On se tient la main comme deux adolescents transis d'amour, n'osant par un mouvement brusque, rompre cette harmonie, profitant de chaque millimètre gagné, patiemment, contre le temps, défi ultime. On se vide l'esprit, puis magie des sensations qui peu à peu remplissent l'espace. L'eau qui nous accompagne, nous rapproche nous éloigne, jamais l'un sur l'autre, égalité. On se frôle, s'approche, même éloigné on sait patiemment attendre la prochaine vague de désir.

Pour lui, je resplendis la brillance de la rivière de diamant, je suis unique. Pour vous, feldspath, cristal singulier mais jamais vous ne voyez la porcelaine fine que je pourrais devenir. Lui s'approche, sous le feu du soleil, et dans nos rêves, nous nous transformons en silex, et des flammes émmergent de notre rapprochement.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Impossible de rester de marbre à lire cette histoire de caillou: un bijou

Oh la baleine a dit…

Coup de chiffon,
Quand on sait comme le marbre aime à être poli....
Merci.