2008/06/22

Paroxysme

Ce matin, je me lève tôt 6h30, regarde le web, pour m'occuper et puis... j'ai explosé comme...je n'aurais jamais crû cela possible; (parce qu'inconsciemment je me savais cette semaine seule?) Je n'ai pas de réponse au comment, et tout juste au pourquoi.

Au départ, la lecture d'un simple fait divers, un enfant dans un orphelinat en Russie sera adopté par des espagnols peut-être au bout d'un an de procédure et ceci malgré son air pâlot, sa courbe de poids et de taille en deçà des normes, de son œil presque myope/aveugle.
A la lecture de cet évènement en soi à aboutissement heureux, je ne sais pas : toutes les tensions accumulées toutes ces années sont arrivés à la rupture, et j'ai pleuré, je ne pouvais plus m'arrêter de pleurer, je suis allée dehors avec la brise fraîche et je pleurais, j'ai cru que je n'allais jamais m'arrêter, j'ai pleuré les 20 ans d'abstinences de larmes, un laisser aller total, j'ai pleuré alors les deuils de 2008 : ma mère et mon petit cousin de 20 ans, j'ai pleuré jusqu'à mes derniers pleurs liés au souvenir de Nani partie à 16 ans.
J'ai pleuré mon inaction, la perte, mes non rêves, j'ai pleuré sur moi, sur les autres, sur le bonheur, sur sa fragilité, sur les larmes qui en appellent d'autres, sur les parcours échoués des amis, sur tout ces moments où on prend la peine de me répéter les mots de haine et de mépris, j'ai pleuré les meurtrissures légères, les manques de témoignage d'amour de ma part. J'ai pleuré pour le temps avec ses humeurs et la vie aussi. J'ai pleuré mon bonheur.

J'ai cru un instant que j'allais devoir appeler le toubib incapable de me ressaisir, j'ai laisser mes larmes ravager mon visage de tristesse près de deux heures de temps avec violence, je ne savais plus pourquoi, le corps qui a craché tout ce qui lui faisait mal, impossible de me stopper, un nettoyage profond, un isolement total.

Dans cette solitude, éreintée et envahie d'une sorte d'hébétude, je me suis fais un thé et je suis sortie, m'allonger sur un transat les pieds au soleil avec toujours cette brise, 21°, correct, je suis restée immobile, comme morte : impossible de savoir ce que je voulais, être là tout simplement, je regardais mon arbre en forme d'éventail, l'autre avec ses feuilles parasols et le dernier arbuste avec ces feuilles comme morcelés. J'avais l'allégorie de ma vie, qui pousse contre le vent.
Faudra déplacer ce Bougainvillée, ses fleurs sont tristounettes sans soleil. Je ne sais pas si je me suis enfin trouvée, mais je sais encore ma sensibilité, à fleur de peau.

Je me suis dit que la vie est bizarre, on craque pas forcément quand on le croit. J'avais pris les 4 dernières BD, mon remède absolu : une de mes passions, mais je ne me sentais même pas le courage de les ouvrir.
Ainsi comme absente, je fis un tour dans l'autre monde, avant de revenir bien plus tard à mes obligations ménagères.
Je retrouve les mimétismes, manger, aller supporter l'équipe, regarder le sport, voilà un programme qui devrait ré-enchaîner les pulsions vitales.

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